Vous avez sûrement vu les gros titre l’année dernière : Elon Musk était soudain devenu l’homme le plus riche du monde, dépassant dans la foulée Jeff Bezos et Bernard Arnaud.
Il a même était dit qu’il s’était enrichi de 7,24 milliards de dollars en une seule journée ! Rien que ça !
Mais, si on prend le temps de faire quelques recherches (ce que ces journalistes ont, apparemment oublié de faire!) et qu’on rentre dans les détails, cela n’est pas tout à fait vrai. En fait, c’est même carrément faux !
Saviez-vous qu’Elon Musk ne touchait presque pas de salaire pour son poste de PDG chez Tesla ? Mais je vous rassure tout de suite, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas rémunéré pour son travail, loin de là !
On va explorer ensemble le plan de compensation unique d’Elon Musk, qui est, à son image, très différent de ce que l’on peut voir chez les autres dirigeants de grande firmes internationales.
Nous allons également découvrir ce qui rend ce système de compensation aussi exceptionnel, et comment il nous donne des indices extrêmement importants sur l’avenir de Tesla.
Pour commencer, il est intéressant de mentionner qu’en réalité, Elon Musk perçoit, un salaire minimal d’environ 56 000 dollars par an (soit environ 45 000€) de la part de Tesla, comme stipulé par les lois californiennes. Toutefois, c’est un salaire qu’il refuse, et les chèques qu’il reçoit demeurent, à ce jour, non encaissés.
Mais alors comment donc Elon Musk est-il rémunéré ?
Le 21 Janvier 2018, Tesla a accordé à Elon Musk une option pour acquérir un peu plus de 20 millions d’actions de Tesla, représentant à l’époque 12% des actions en circulation. Ce plan fut approuvé deux mois plus tard par les actionnaires de Tesla.
La valeur de l’option à la date d’attribution, selon la circulaire de procuration pour la réunion spéciale des actionnaires de Tesla, était d’environ 2,6 milliards de dollars. Le prix d’exercice de l’option était de 350 dollars par action. Il s’agit là de la plus grande option d’achat d’actions jamais accordée par une société publique à un dirigeant. Toutefois, elle vient avec des conditions. Et pas des moindres !
Le plan de compensation présenté est structuré en 12 tranches différentes, chacune d’entre elles est basée sur la capacité d’Elon à faire franchir à Tesla des jalons extrêmement ambitieux.
Les 12 Travaux d’Elon
En d’autres termes, la compensation d’Elon est basée à 100% sur sa performance. En gros, s’il fournit les résultats convenus, il est rémunéré en actions de la société. Sinon, il ne reçoit pas un seul centime.
Jetons à présent un coup d’œil plus approfondi sur ce plan à 12 tranches, et sur les résultats extrêmement ambitieux que les actionnaires de Tesla attendent d’Elon Musk.
Qu’est-ce que la capitalisation boursière ?
Si on se réfère à la définition, la capitalisation boursière est égale à la valeur totale de toutes les actions cotées.
Pour faire simple, si une entreprise est divisée en 1000 actions et que chaque action vaut 10$, la capitalisation boursière de cette entreprise vaut 10$ x 1000 = 10 000$.
Dans le cas de Tesla, la compagnie est divisée en 963 millions d’actions, valant chacune 623$ au 1er Juin 2021.
Ce qui donne une capitalisation boursière de 623 x 963 000 000 = 599,11 milliards de dollars.
Vous l’aurez compris, si le nombre d’actions reste fixe, et que le prix de l’action augmente, la valeur de la compagnie, et donc la valorisation boursière augmente.
Revenons maintenant au plan de compensation d’Elon Musk, qui se divise en 12 étapes.
Pour commencer, chacune des 12 tranches représente une étape cruciale à parcourir pour Tesla.
Ainsi, franchir l’une de ces 12 tranches débloquerait l’option pour Elon d’acquérir 1% des 20 millions d’actions qu’on lui a promis et à un prix fixe de 350 dollars par action.
C’est évidemment une très bonne affaire. Par exemple, lors de la première étape du plan de compensation, pour une capitalisation boursière de 100 milliards de dollars, le prix de l’action serait estimé à environ 550 dollars.
Donc, en gros, Elon aurait la possibilité d’acheter des actions à 350$ pièces, alors qu’elles valent en réalité $550.
Elon pourrait alors acheter environ 1,69 millions d’actions au prix de 350$ l’unité, ce qui fait un total d’environ 590 millions de dollars, alors qu’elles valent en réalité 930 millions de dollars. Ça fait une sacrée différence !
Ensuite, il faut savoir que pour débloquer une tranche, et donc d’être payé, Elon a besoin de passer deux jalons : Un jalon de capitalisation boursière qu’on a vu précédemment, et un jalon opérationnel qu’on verra un peu plus tard.
La première catégorie de jalons, comme son nom l’indique, s’intéresse à la capitalisation boursière de Tesla. A la date de la rédaction de ce plan de compensation, celle-ci était estimée à environ 59 milliards de dollars.
En gros, chaque jalon de cette catégorie correspond à un gain de 50 milliards de dollars en capitalisation boursière. Ces incréments de 50 milliards de dollars continuent jusqu’à atteindre le 12ème jalon, qui marque les frontières des 650 milliards en capitalisation boursière.
Un chiffre très ambitieux, c’est le moins qu’on puisse dire.
Cependant, il démontre tout de même que le conseil d’administration de Tesla pensaient déjà en 2018 qu’ils avaient la possibilité de se classer parmi les plus grandes entreprises au monde.
Pour rappel, l’entreprise possédant la plus grande capitalisation boursière au monde n’est autre que Apple avec plus de 2 000 milliards de dollars.
La deuxième catégorie de jalons, les jalons opérationnels, s’intéressent au chiffre d’affaires de Tesla, avant et après les intérêts, impôts, dépréciations et amortissements.
Chaque palier à franchir correspond à un chiffre d’affaires particulier à atteindre, débutant à un seuil de 20 milliards de dollars, et finissant sur un chiffre incroyable de 175 milliards de dollars. A titre de comparaison, ce chiffre représente 15 fois le chiffre d’affaires annuel de Tesla en 2017, lors de la rédaction de ce plan de compensation.
Et comme vous l’aurez deviné, il faut au minimum que les 2 conditions soient réunies pour qu’Elon Musk puisse toucher sa compensation, mais ce n’est pas tout.
Donc, ok, les revenus annuels grimpent de quelques milliards, le cours des actions monte de quelques pourcents, et Elon est payé, n’est-ce pas ? Eh bien, pas tout à fait. Il y a encore deux ou trois choses à régler.
Tesla a délibérément structuré son plan afin d’éviter toute incitation à gonfler le prix de l’action et donc la capitalisation boursière, pendant une courte période de temps pour atteindre une tranche importante. En effet, le plan de compensation a stipulé que la capitalisation boursière devait garder une moyenne du nouveau chiffre au cours des six derniers mois et des 30 derniers jours, et c’est le cas pour chaque tranche.
Pour donner un exemple concret, la capitalisation boursière de Tesla pour Mai 2021 était autour des 600 milliards de dollars. Si on néglige les mois précédents, il faut que Tesla maintienne cette valeur moyenne pour une période de 6 mois et 30 jours, pour enfin débloquer le jalon de capitalisation boursière correspondant.
Et l’histoire ne s’arrête pas là ! Il faut savoir qu’après avoir acquis les actions correspondantes à chaque tranche, Elon doit payer des impôts assez considérables dessus.
Cependant, dans le cadre de ce plan, il a la possibilité d’attendre jusqu’en Janvier 2028 pour le faire, s’il le souhaite. Dans ce cas de figure, il n’aurait pas encore à payer d’impôts dessus avant cette date d’expiration des actions.
Il serait donc tout à fait logique d’attendre jusqu’en 2028 pour acquérir ces options, vu qu’avec la croissance impressionnante de Tesla, la valeur des actions devrait avoir beaucoup plus de valeur.
Disons maintenant qu’Elon a finalement coché toutes les cases sur cette check-list. La valeur boursière de Tesla est restée autour de la barre des 650 milliards de dollars pour plus de 6 mois et de 30 jours, le chiffre d’affaires de Tesla a dépassé les 175 milliards de dollars avant les taxes, et a franchi le seuil des 14 milliards de dollars après les taxes. Il a alors attendu jusqu’en Janvier 2028 pour acquérir ces actions, a commencé à payer ses impôts, et a désormais en poche environ 12% des actions de Tesla. Est-ce qu’il peut enfin encaisser ses stock-options, après tant et tant de labeur ?
La réponse est encore non.
Après avoir choisi d’acquérir ses options, Tesla stipule qu’Elon ne pourrait pas les vendre pour 5 ans supplémentaires. Il doit donc continuer à détenir ces actions pendant une autre demi-décennie, avant d’avoir le droit de les vendre.
Et comme si cela ne suffisait pas, pour qu’Elon puisse toucher ses options, il doit soit occuper le rôle de PDG de Tesla, ou soit être à la fois président exécutif et Chef Product Officer au sein de la compagnie. Tout ceci dans le but de garantir qu’il continuera à jouer un rôle important dans le management de Tesla sur du long terme.
Donc, au lieu d’être payé demain, Elon pourrait ne pas encaisser ses actions avant 2033 ! Soit plus de 15 ans après avoir accepté ce plan !
Si vous n’aviez pas encore remarqué, ceci n’est pas un plan de compensation normal.
Lorsque beaucoup d’autres PDG de l’industrie automobile se contentent de toucher un salaire fixe + une rémunération variable sur objectifs, Elon Musk est une personne qui pense vraiment, mais vraiment vraiment sur du long terme.
Et si on lui demande ce qu’il fera avec tout cet argent, il a pour projet de les injecter à nouveau dans l’exploration spatiale, et d’alimenter son rêve de construire une colonie humaine sur Mars. Tiens ? On s’en serait pas douté !
Et vous, que pensez-vous de ce plan de compensation ? Est-ce que vous pensez que c’est un modèle qui peut être appliqué pour d’autres PDG de l’industrie automobile ? Et est-ce que vous pensez que la performance exceptionnelle d’Elon Musk et de Tesla justifie complètement ces sommes astronomiques?
A bientôt sur Tesla News France