Tesla est elle une bulle financière?

Des bulles, des bulles, encore des bulles, des bulles partout. Et ce n ‘est pas de bulles de champagne dont on va parler, mais bien de bulle financière

Tesla serait une bulle financière ! Du moins, c’est ce que disent un bon nombre d’analystes de Wall Street (et pas que de Wall street d’ailleurs), qui voient dans les prix élevés de tous les produits, des actions aux bitcoins, en passant par les logements neufs et l’envolée de la valeur des sociétés cotées en bourse, des signes clairs de la présence d’une bulle, semblable à ce qui s’est passé en 2000 et 2008.

L’envolée des actifs n’est pas en soi un signe de bulle. Depuis l’effondrement de la bulle Internet en 2000, la chasse aux bulles est devenue une industrie à part entière. Le fait d’appeler les bulles, de les prédire et de mettre en garde contre elles est presque devenu une bulle en soi, mais cela signifie également que presque toutes ces prédictions se sont révélées fausses.

Action tesla

Première victime de ses accusations, Tesla. L’une des évolutions les plus contrariantes pour les détracteurs de Tesla est la flambée du cours de l’action de la société, qui a été multipliée par 7 entre novembre 2019 et novembre 2020, alors que la pandémie de coronavirus a ravagé les ventes d’automobiles dans le monde entier.

Qu’est-ce qu’une bulle?

Tout d’abord, petite leçon d’économie. Dans un contexte économique, le terme bulle désigne généralement une situation dans laquelle le prix d’un produit – une action individuelle, un actif financier, voire un secteur, un marché ou une catégorie d’actifs entiers – dépasse largement sa valeur fondamentale.

Comme c’est la demande spéculative, et non la valeur intrinsèque, qui alimente les prix gonflés, la bulle finit par éclater, et des ventes massives entraînent une baisse des prix, souvent très importante. C’est ce qui s’est passé en 2000 avec la bulle Internet et fin 2007 avec le marché immobilier aux Etats-Unis.

Mais est-ce vraiment le cas pour Tesla? La valeur de la compagnie est-elle surévaluée ou ratons nous quelque chose que certains investisseurs ont su voir et que d’autres tentent désespérément de nous cacher?

Tesla trace sa propre voie

Tesla trace sa propre voie et tente de créer une industrie entière.

Au cours des cinq dernières années environ, alors que l’action Tesla a connu de fortes fluctuations, le débat sur ce qui s’est passé se résume généralement à « Tesla la société technologique » et « Tesla le constructeur automobile ».

Si l’on se base sur le fait que Tesla soit un simple constructeur automobile, il est en fait très difficile de croire que sa valeur est supérieure à celle de Ford, Volvo ou Audi, des compagnies implantées dans le secteur depuis plus d’un siècle et ayant des chiffres de ventes plusieurs fois supérieurs. 

Alors Tesla est-elle une compagnie tech? Un nouveau Apple? Il ne fait aucun doute que Tesla possède de nombreuses caractéristiques d’une entreprise technologique, de sa culture axée sur les logiciels à la nature explosive de son cours en bourse. 

Cependant, la dichotomie simpliste entre constructeur automobile et entreprise technologique ne dit pas tout. La plupart des entreprises de la Silicon Valley, après tout, ne construisent pas leurs propres Gigafactories sur tous les continents, et n’ont pas tendance à exploiter des réseaux de sites dédiés (les Superchargers) dans le monde entier.Matthew DeBord, dans Business Insider, affirme que Tesla n’est ni l’un ni l’autre mais quelque part au milieu. En fait, Tesla est à la fois un constructeur automobile et une entreprise technologique, mais il est aussi beaucoup plus. Tesla ne se contente pas de construire une meilleure automobile, ou un système d’énergie renouvelable de haute technologie – elle crée une toute nouvelle industrie.

Des observateurs superficiels ont critiqué Elon Musk et Tesla pour s’être diversifiés dans ce qu’ils considèrent comme des produits sans rapport entre eux : voitures, panneaux solaires, batteries domestiques, produits de stockage à l’échelle du réseau, tunnels, lance-flammes, etc. 

Cependant, les observateurs de longue date de l’électro mobilité comprennent que les Véhicules électriques ne peuvent pas être une sorte de remplacement immédiat des véhicules à moteur à combustion interne. Ils font partie d’un système qui comprend les énergies renouvelables, le stockage, les technologies de réseau intelligent, l’autonomie des véhicules et divers logiciels permettant de faire fonctionner le tout ensemble. Au delà de Tesla, c’est ce que Elon Musk est en train de construire, et chacun de ses produits et services est une pièce nécessaire du puzzle. 

(bon, on avoue, le lance-flammes, c’était peut être un peu abusé, mais quoi que… ? Il a eu au moins le mérite de servir au financement de The Boring Company ! Mais là je m’écarte du sujet…)

Revenons à Tesla.

L’Ecosystème Tesla

Nombreux sont ceux qui ont comparé l’écosystème de ses Véhicules Electriques à l’empire médiatique d’Apple, ou aux différents processus de création, matériel et logiciel, qui alimentent les smartphones et autres gadgets technologiques.

Cette analogie est valable jusqu’à un certain point, mais pour trouver un exemple qui corresponde vraiment à ce que fait Tesla, il faut remonter au début du XXe siècle avec la transition d’un système de transport basé sur les chevaux et les voiliers à un système basé sur des véhicules  fonctionnant au pétrole. 

Ce changement technologique ne consistait pas simplement à remplacer un produit par un autre. Les voitures pouvaient rouler sur des routes qui avaient été construites pour des voitures à chevaux, mais pour atteindre leur véritable potentiel, elles avaient besoin d’un système vaste et complexe qui comprenait non seulement des routes pavées, mais aussi des raffineries de pétrole, des stations-service, des aciéries, des usines de caoutchouc, des produits d’assurance … la liste est longue.

Il a fallu des décennies pour construire toutes ces choses, et les efforts de milliers d’entreprises différentes dans des centaines de secteurs d’activité sans rapport entre eux à première vue. L’évolution technologique est beaucoup plus rapide de nos jours, mais il n’empêche que le nouvel écosystème de l’énergie propre et de l’électro mobilité ne se construira pas en quelques années seulement. 

market share
Crédit: https://en.wikipedia.org/wiki/Electric_car_use_by_country#/media/File:Market_shares_EV_China_EU_US_2015_2020.png

Les détracteurs se plaignent que, 17 ans après la création de Tesla, les Véhicules Electriques représentent à peine quelques pourcents du marché automobile dans la plupart des pays, mais ils ne comprennent pas une chose. Une fois que les pièces du nouvel écosystème commenceront à se mettre en place, la transition sera rapide, et un jour viendra où les voitures à essence deviendront obsolètes, aussi mal aimées et indésirables que l’étaient tous ces téléviseurs à tube cathodique il y a dix ans. 

Une grande différence entre ce qui s’est passé dans les années 1900 et ce qui commence à se produire maintenant est qu’une seule entreprise, Tesla, domine la transition. Les grands constructeurs automobiles et pétroliers grignotent timidement les bords de la tarte, mais en général, ils sont confortablement assis sur leur passé et ont donné carte blanche à Tesla pour engloutir la majeure partie de ce qui se trouve dans l’assiette. 

Au fur et à mesure que notre société se transformera au cours des prochaines décennies, de nombreux autres acteurs en profiteront, mais il est probable que Tesla sera celui qui fixera les règles du jeu et définira les standards. 

Les investisseurs avisés peuvent le voir, et c’est pourquoi l’action Tesla a atteint de tels sommets, alors que l’action était en dormance durant 9 ans.

Déja, en Avril 2019, Cathie Wood, gérante du fond d’investissement Ark Invest avait prédit le décollage de l’action Tesla qui arriva fin 2019 :

« En tant que trader et investisseur, mais surtout en tant que trader, vous comprenez également que lorsque vous construisez une base comme celle-ci, l’une des deux choses suivantes va se produire. Soit ça va s’effondrer et c’est ce sur quoi beaucoup de personnes croyant en la chute de l’action ont parié ou soit ça va casser à la hausse. Et plus la base est longue – vous dites cinq ans – plus la base est longue… plus la cassure est importante »

Tesla a bénéficié de la vision de son fondateur. Elle a établi une marque forte en tant que premier producteur de véhicules électriques et de systèmes d’énergie renouvelable – deux industries sur le point de connaître une croissance importante à mesure que le monde s’éloigne des combustibles fossiles. Non seulement une croissance importante, mais aussi une fusion de ces 2 secteurs d’activité.

Le génie de Tesla a été de ne justement pas dissocier la création de véhicules électriques de la production et du stockage d’énergies renouvelables.

Ses développements en matière de batteries pour alimenter les véhicules, les maisons et des communautés entières sont liés à ces deux marchés. 

Par exemple, en Australie, elle a construit une des plus grandes batteries lithium-ion du monde, qui stocke l’énergie renouvelable produite par les éoliennes voisines lorsque la production dépasse la demande et qui équilibre le réseau lorsque la demande dépasse l’offre variable.

Cela n’a pas fait la une des médias, pourtant ce qui s’est passé en Australie avec ce megapack a été pour le moins remarquable. 

Avec un investissement de départ d’environ 66 millions de dollars, il lui a fallu moins de 2 ans pour être rentable. Il a depuis fait économisé plus de 135 millions de dollars aux Australien de cette région et a permis de baisser le coût d’utilisation de leur réseau électrique de 90 %

Et ce megapack Australien n’est qu’un avant goût de ce que pourrait devenir la création et la distribution d’énergie dans le futur. 

Au fil du temps, ce type d’installation occupera une part plus importante du marché de l’énergie, et Tesla sera un acteur majeur dans ce domaine.

« Les investisseurs doivent se concentrer sur la question de savoir si Tesla peut continuer à aller au-delà d’une simple entreprise automobile »,

a déclaré Tim Bain, président et directeur des investissements chez Spark Asset Management.

« Afin de justifier une valorisation qui peut continuer à croître à des taux supérieurs à ceux du marché, je crois qu’investir dans Tesla aujourd’hui exige que vous croyiez qu’ils vont évoluer vers la production et le stockage d’énergie. »

Attirant l’attention sur l’activité croissante de Tesla en matière de panneaux solaires et de packs de batteries, Tim Bain a déclaré que les gens

« manquent une grande partie de l’histoire »

lorsqu’ils comparent la valorisation de Tesla à celle des constructeurs automobiles pairs.

« Tesla bénéficie d’un monde où les grandes entreprises parlent de devenir neutres en carbone »,

a-t-il déclaré.

« Ma question est la suivante : qu’arrivera-t-il aux entreprises de services publics d’électricité traditionnelles dans 10 ans si nous sommes tous « notre propre service public » ? »

tesla-powerwall
Crédit: https://www.numerama.com/tech/465542-powerwall-la-batterie-de-tesla-trop-populaire-pour-suivre-la-demande.html

Tim bain fait ici référence aux toits solaires et aux  qui ouvriront la voie royale à la production et à la distribution d’électricité verte de manière décentralisée.

Cette opinion est partagée par le PDG de Social Capital, Chamath Palihapitiya.

« Il ne s’agit plus de voitures … Si vous me demandez en tant qu’investisseur, le pari est dans l’activité énergétique de Tesla »,

a-t-il déclaré sur CNBC TV.

Tesla a dit des choses intéressantes à ce sujet dans son rapport de résultats. Premièrement, c’est rentable. Et deuxièmement, ils produisent maintenant un logiciel qui permet à n’importe qui de devenir un service public distribué. Pensez-y une seconde, c’est l’une des entreprises les plus prévisibles et les plus raisonnables ».

Les ventes de produits solaires et de stockage d’énergie ne représentent actuellement qu’une fraction de l’activité totale de Tesla, mais elles sont déjà très prometteuses. Dans le communiqué des résultats du second trimestre 2020, Tesla a noté que son produit de stockage d’énergie Megapack, lancé l’année d’avant, avait dégagé des bénéfices pour la première fois.

« Il y a une forte demande pour ce produit et nous augmentons les taux de production aussi vite que possible »,

a déclaré Drew Baglino, responsable du groupe motopropulseur et de l’ingénierie énergétique de Tesla, lors de la conférence téléphonique sur les résultats.

Loin de s’arrêter à la fabrication finale des batteries, Tesla compte aussi effectuer une intégration verticale. La compagnie souhaite contourner l’ensemble du secteur minier et développe ses propres chaînes d’approvisionnement en produits chimiques pour batteries.

Pour faciliter cette démarche, la société construit une usine de raffinage d’hydroxyde de lithium au Texas. Celle-ci participera ainsi au plan de production de cellules de batterie et permettra aux véhicules Tesla d’optimiser leur production et, à terme, de faire baisser les coûts de fabrication.

Tesla graphe
Crédit: https://www.tesmanian.com/blogs/tesmanian-blog/tesla-exponential-growth-rate-from-100-weekly-production-in-q3-2012-to-11k-weekly-units-in-q3-2020

Pourtant, certains reprochent à Tesla d’utiliser leurs crédits Z.E.V (Zero Emission Vehicles) afin d’arrondir leurs fin de trimestres.

Tesla et la revente des crédits Z.E.V

Pour rappel, les crédits Z.E.V aux états unis sont des pénalités qui exigent des constructeurs automobiles vendant des véhicules à moteur à combustion interne qu’ils gagnent un certain nombre de crédits Z.E.V chaque année en vendant des véhicules à zéro émission. 

Si un constructeur automobile ne produit pas suffisamment de voitures électriques pour atteindre son quota, il peut choisir d’acheter des crédits à d’autres constructeurs qui le font ou de payer une amende de 5 000 $ pour chaque crédit qui lui manque. 

Ce système de bâton et de carotte s’est avéré très positif pour Tesla, qui ne produit que des véhicules électriques, leur laissant des crédits ZEV qu’ils peuvent vendre à d’autres constructeurs.  Bien que les revenus de la vente de ces crédits soient assez volatils, ils sont très lucratifs, car Tesla n’encourt essentiellement aucun coût direct pour les gagner.

En d’autres termes, les constructeurs de véhicules traditionnels financent directement le développement de Tesla en leur donnant des dizaines de millions de dollars tous les trimestres. Si ils ne veulent pas payer, ils n’ont qu’à se mettre à la production de véhicules électriques, c’est aussi simple que ça.

Ce sont les règles du jeu, et ces règles sont les mêmes pour tout le monde.. 

Donc il est normal pour Tesla de prendre en compte cette rentrée d’argent, et de l’utiliser intelligemment pour… par exemple, .. .je sais pas moi… construire de nouvelles usines ou investir dans la recherche et le développement … Puisque c’est la concurrence qui paye, pourquoi se gêner ? Vous auriez fait quoi à leur place ? Refuser cet argent tombé du ciel ? Bien sûr que Non ! Tesla prend tout ceci en compte dans leur comptabilité et c’est tout  à fait normal !

Tesla est-elle une bulle spéculative?

Et bien la meilleure réponse à cette question est : cela dépend du point de vue !

Olivier-RT

Selon Olivier Delamarche, analyste économique connu pour être le chroniqueur de l’émission « C’est Cash » sur RT France, Tesla serait une bulle financière, au même titre que toute l’économie américaine qui est actuellement alimentée par la planche à billets.

Cette prise de position a cependant été nuancée dans une excellente vidéo de Idriss Aberkane, qui affirme que Tesla a le mérite d’utiliser l’argent de la planche à billet pour innover et créer de la vraie valeur, contrairement à de nombreuses entreprises côtés sur le marché américain. 

Idriss Aberkane
Crédit: https://www.youtube.com/watch?v=ePY9XyNtdU0

Voici ce qu’il affirme :

« Les marchés aujourd’hui sont en train de parier que Tesla va réussir sa conquête totale du marché et que la compagnie d’Elon Musk a déjà donné largement de preuves de sa capacité à conquérir un marché, celui de la mobilité électrique, voire autonome, qui d’ici à 2030 pèsera évidemment des dizaines de milliers de milliards de dollars »

Tesla est une entreprise à forte croissance et leur historique d’exécution est pour le moins remarquable. 

Tout autant de maillons dans l’industrie des Véhicules Electriques sur lesquels Tesla compte mettre la main. Tout cela pour vous dire que Tesla ne sera pas le Renault du futur, mais plutôt le Renault, le Total, l’Axa, l’Uber et l’EDF du futur, le tout à la fois. Un mastodonte de la future économie verte du numérique et des transports qui mérite bien sa valeur qui ne cesse de grimper. 

Cela paraît incroyable dit comme ça, mais si la concurrence n’évolue pas et ne s’adapte pas, c’est bien ce qu’il pourrait arriver.

Pour preuve, si vous faites un tour sur Wikipédia et que vous regardez le top 10 des plus grosses entreprises mondiales, vous pouvez voir que 6 d’entre elles sont dans le secteur de l’énergie , et 2 sont des constructeurs automobiles (Toyota et Volkswagen). 

Hum… Energie… Transports… comme par hasard

Et je ne vous ai même pas parlé des autres marchés potentiels qui pourraient propulser le cours de l’action Tesla dans la stratosphère: 

Comme par exemple la création d’un appstore pour le système d’infotainment, la mise en place d’une flotte de Robotaxis autonome ou encore la mise sous licence de  leur logiciel de conduite autonome pour d’autres constructeurs. Bref… si Tesla se lance dans le service informatique, les potentiels de gains seront quasi illimités pour la compagnie. 

system-infotainment
Crédit: https://www.phonandroid.com/la-tesla-model-s-plaid-peut-faire-tourner-cyberpunk-2077-au-meme-niveau-que-la-ps5.html

Mais malgré tout ceci, les cris à la bulle ne cesseront peut-être jamais, tant qu’ils feront couler de l’encre et tant qu’ils profiteront aux short sellers, ces fameux vendeurs à découvert qui ont tant fait parler d’eux en début d’année avec la saga GameStop et qui se cassent les dents sans cesse en pariant contre le cours de l’action TESLA sur les marchés financiers.

Les short sellers ont déjà perdu 40 Milliards de Dollars en 2020, alors que l’économie globale subissait la pandémie. Comme quoi, parier contre Elon Musk n’est décidément pas la chose la plus intelligente à faire.

Et vous, vous en pensez quoi ? Tesla est-elle selon vous surévaluée ou tout le contraire? Pensez-vous que Tesla jouera un rôle majeur sur les marchés de l’Énergie et de la mobilité électrique?

A bientôt sur Tesla News France

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